
Par Didier RÉAULT
Président de Rivages de France
<p>Alors même que « notre maison brûle », l’amoncellement de nuages budgétaires promet moins de ruissellement que de sécheresse pour la transition écologique et la protection de l’environnement. Sous couvert de crise financière, les discours incantatoires ne masquent plus les ambitions minorées, les moyens restreints, les concessions aux lobbies et la fragilisation des établissements publics concernés. Rivages de France se doit d’être partout présente, influente, confiante dans la force et la représentativité de son réseau national, de ses milliers d’élus et gardes, des populations et publics concernés par les espaces littoraux préservés, pour pérenniser la protection d’exceptionnels territoires…</p>
<p style="font-weight: 400;">En effet, en France, <strong>les attaques se multiplient contre la première ligne de défense de l’environnement </strong>: les gardes et agents assermentés, notamment ceux de l’OFB, dont le seul tort est… d’être chargés de faire respecter la loi ! Sous l’assourdissant silence du gouvernement, seulement troublé par des vociférations politicardes appelant à fermer l’OFB et à abandonner les normes environnementales les plus légitimes. Objectifs inavoués mais évidents : ménager de puissants lobbies pour les uns, propager des idées populistes et électoralistes pour les autres.</p>
<p style="font-weight: 400;"><a href="https://reporterre.net/Agressions-en-serie-les-agents-de-la-biodiversite-abandonnes-par-l-Etat">Ces attaques</a> confortent spectaculairement une plus insidieuse réalité : <strong>les problématiques climatiques et environnementales ne sont pas des priorités nationales. Des rumeurs bruissent, quant à la volonté gouvernementale de réduire le nombre d’actions, d’opérateurs et de dépenses qui leur sont affectés </strong>: fusion des parc nationaux (entités administratives cohérentes et ancrées territorialement, vent debout contre cette perspective) au sein d’un seul établissement, ou rattachement à l’OFB, voire même création d’un gros établissement public qui contrôlerait l'OFB, les parcs nationaux et… le Conservatoire du littoral ! Or, s’agissant de ce dernier, le 17 juin à Bordeaux lors de la rencontre des gestionnaires de sites du Conservatoire du littoral, le ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation François REMSABEN a certifié qu’il n’en était rien. Les promesses n’engagent-elles que ceux qui y croient ?</p>
<p style="font-weight: 400;">Pour Rivages de France, il<strong> faut non seulement préserver, mais conforter l’indispensable triptyque Conservatoire du littoral-Rivages de France-Gestionnaires</strong>. L’objectif commun est de pérenniser et d’optimiser collégialement la protection et la valorisation du littoral, aujourd’hui fragilisées. Mais aussi la sensibilisation utile et constante du public, travaillée depuis nombre d’années pour des résultats probants en termes de connaissance, de compréhension, d’acceptation de nos actions<em>. </em></p>
<p style="font-weight: 400;">La relation entre ces acteurs ne devrait cependant s’envisager qu’en termes de <strong>complémentarité naturelle</strong> et de partenariat étroit, bien plus que de défiance et de concurrence comme cela se manifeste parfois. C’est la position que j’ai défendue le 17 juin dernier à Bordeaux. Mais le soutien clair de Rivages de France au Conservatoire du littoral ne saurait être unilatéral et inconditionnel.</p>
<p style="font-weight: 400;"><strong>Il y a des progrès concrets à faire !</strong> Notamment en associant Rivages de France aux instances et débats traitant des gardes du littoral, que nos adhérents emploient et salarient. En prenant en compte le ressenti des gestionnaires confrontés à davantage de technocratie pour moins de relations sur le terrain. Ou encore à l’équation impossible de devoir gérer des sites supplémentaires du Conservatoire alors que les moyens des gestionnaires, de contraints, deviennent exsangues.</p>
<p style="font-weight: 400;">En cette période troublée, nous, gestionnaires (Rivages de France, ANEL…) et les instances publiques (OFB, Conservatoire du littoral…), devons jouer « collectif » et même « coalisés » : nous faisons partie du même équipage embarqué sur la même galère ! <strong>Mais l’expédition et la destination en valent la peine…</strong></p>
<p><em>A l'heure où j'écris ces lignes, je constate que la commission d'enquête sénatoriale sur les missions des agences, opérateurs et organismes consultatifs de l'État vient de rendre sa conclusion. Il est notamment stipulé la 'suppression du conservatoire du littoral'... Nous vous tiendrons informés de la suite et resterons mobilisés pour sauver ce modèle unique et visionnaire.</em></p>